04/12/2017

Une nouvelle définition pour sauver l’Assurance ?

La définition généralement admise pour l’Assurance est :  l’Assurance est une opération par laquelle une partie (l’assuré), se fait promettre, moyennant rémunération (la cotisation), pour lui ou pour un tiers (le bénéficiaire), en cas de réalisation d’un risque (le sinistre), une prestation, par une autre partie (l’assureur) qui, prenant en charge un ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la statistique ».

Depuis son origine, l’Assurance a traduit « prendre en charge un risque » par « rembourser les conséquences financières de la réalisation du risque », établissant ainsi son métier à la fois sur la maîtrise des risques (sélection, répartition,…) et la réparation financière.
Des progrès ont certes été effectués en amont et en aval du sinistre : prévention en amont, accompagnement en aval. Mais cela reste bien mince car le modèle économique de l’Assurance reste exclusivement centré sur le ratio combiné, et l’on a bien du mal à démontrer (souvent faute d’outils de mesure) le ROI des services proposés, notamment en matière de prévention. On entend encore souvent des assureurs dire que la prévention (surtout en santé) ne leur bénéficie pas (effets éloignés dans le temps, lorsque l’individu ne sera plus client…).
Aujourd’hui, les assureurs ont massivemange argent.jpgent opté pour la digitalisation de leur métier. C’est là que se situent les investissements et l’on ne peut espérer les attirer dans des événements si l’on n’annonce pas des sujets comme le Digital, les startups, l’I.A., la Blockchain,…
Certes, la Société est en phase de changement profond et, comme le disait Joël de Rosnay au dernier Colloque du CercleLab, l’Humain augmente ses capacités au travers des outils qui le prolongent ; et, demain l’interaction I.A./cerveau sera une réalité.
Alors, faut-il s’engager à corps perdu dans cette digitalisation ? Ne communiquer avec les clients que par chatbots ? Emettre des smart-contrats qui déclenchent le règlement du sinistre au moment même de leur survenance ?
Le peu de relation-client humaine de l’Assurance va disparaître, laissant ainsi un boulevard à ceux qui maîtrise bien mieux ces outils et les data qui vont avec.
Oui, il faut entrer dans cette nouvelle ère, mais en magnifiant notre métier. Ces outils vont le permettre.
Prendre en charge le risque du client c’est :
- l’évaluer et chercher - avec lui - à le diminuer et en amoindrir les effets
- l’assister lors de la survenance avec toute l’empathie nécessaire
- faire en sorte que les répercussions financières soient les plus légères possible (donc régler vite, mais pas que)
- l’accompagner post-sinistre à la fois pécuniairement, psychologiquement, pratiquement (réparations, reprise d’activité, déménagement, changement de vie,…).

C’est une prestation globale qu’il faut proposer.
Les assurés l’attendent, comme le démontrait une enquête présentée lors d’un précédent Colloque du CercleLab où les interviewés avaient comparé l’assureur idéal à un Ange Gardien.
Cette offre globale, s’appuyant sur les technologies disponibles et celles à venir, est en mesure de créer la différence avec les nouveaux entrants potentiels et fera enfin passer l’Assurance dans le monde des vrais services, avec, au passage, un desserrement de la tension sur les prix.

22/03/2017

NE M’APPELEZ PLUS ASSURANCE VIE

Le concept même de l’Assurance est de « prendre en charge, moyennant rémunération - la cotisation -  un ensemble de risques homogènes de façon à les répartir selon les lois de la statistique ».
En assurance Vie, le risque est double :

  • Celui du placement financier : l’assureur garantit le capital versé par le souscripteur, augmenté des intérêts acquis.
  • Celui de paiement anticipé ou de dispense de paiement des cotisations en cas d’événement prévu au contrat (contre-assurance).

La dénomination « Assurance » est donc légitime, même si dans la majorité des cas, cette forme de contrat ne représente pour le client qu’une des multiples formes d’épargne.

En revanche, dès l’instant où l’assurance transfère le risque principal, c’est-à-dire celui de variation du capital à l’assuré, il ne reste plus guère d’assurance…

Il est donc fallacieux de dénommer « Assurance » un contrat d’assurance Vie en Unités de Compte puisque le capital n’est pas garanti et que l’assuré peut tout perdre en cas de crash boursier ou simplement si les choix d’investissements sont mauvais.

D’ailleurs, malgré les efforts des compagnies pour  promouvoir les UC (limitation des souscriptions en Euros, taux de rendement net à 0 en prenant en compte l’inflation, pression sur les forces de ventes,…) le résultat n’est pas au rendez-vous : -0,6% en 2016 et toujours 81% de souscriptions en € !

 En même temps, le risque ajouté par la loi Sapin 2, c'est-à-dire le blocage possible de l’épargne, était de nature à  décourager les épargnants.
Sans remettre en cause la nécessité de réformer l’assurance vie, il serait opportun de s’interroger sur le vocable même.
Aussi, dans un esprit de clarté et de transparence, ces contrats en UC ne devraient plus être considérés dans la catégorie « Assurance » mais « placements financiers » au même titre que n’importe quel OPCVM.
Alors, pour éviter les promesses fallacieuses, rebaptisons ces contrats en UC.

21/11/2016

Relation-Client, back to basis grâce au Digital ?

Toutes les stratégies annoncées par les opérateurs du marché de l’Assurance mettent en avant l’impératif de la mise du client au centre des préoccupations – voire de l’organisation.
On pourrait se réjouir que le secteur découvre enfin que celui qui nous fait vivre, c’est le client !
Sauf qu’à y regarder de plus  près, et surtout en échangeant avec les opérationnels, on ne peut que constater qu’en réalité rien ne change…
La digitalisation de l’Assurance est en marche ; très bien !
Quant à la Relation-Client, il faudrait encore qu’elle existe pour la digitaliser…
Or, de ce point de vue, rien n’a changé : passée la souscription, les contacts sont rares et la digitalisation accentue encore ce phénomène. Des exemples ?
. prélèvement des cotisations alors qu’autrefois l’échéance était une occasion de rencontre avec le commercial ;
.  1/3 payant et virtualisation de l’indemnisation quand, par le passé, c’était un moment fort, voire sympathique (souvenons-nous de la Complémentaire Santé qui amenait les clients toucher leurs remboursements en espèces au point de vente avant d’aller faire leur marché le samedi matin…).client centric.jpg
. Aujourd’hui, on voit éclore pléthore de gadgets (pages Facebook, applis, gaming, IoT comme les montres connectées,…) qui ne sont qu’une couche cosmétique mais qui n’apportent rien au fond.
Les promoteurs de ces gadgets :
- méconnaissent manifestement le métier de l’assurance
- pensent que tout le monde est Geek
- ne s’intéressent qu’à la génération Z, voire Millenium.

Pourtant, si l’on s’en tient aux besoins du client* et à l’objectif de protection contre les aléas, on peut lister de multiples opportunités de communication et de création de Relation Client. Ainsi :
- faire un point régulier sur la situation de l’assuré pouvant conduire à un aménagement des garanties :
               . événements au sein du noyau familial : naissance, scolarisation, études, divorce, stages à l’étranger,…
               . évolution professionnelle : changement d’emploi ou de profession, travail du conjoint, perte d’emploi , …
               . évolution du patrimoine : achat immobilier résidence principale ou secondaire, agrandissement, travaux, héritage, primes et indemnités, réalisation de placements,…
               . préparation d’événements importants : installation des enfants, retraite, lancement d’activité, dépendance,…
- profiter de la rentrée scolaire, des vacances d’été ou d’hiver, …
- lancer des alertes de prévention et conseils en santé, habitation, auto, voyages,…
- profiter du renouvellement et financement du/des véhicule(s), des appareils ménagers, de l’informatique  domestique,…
Etc., etc…
Les occasions pour créer un contact ne manquent donc pas ! Et ce n’est certainement pas en mettant (temporairement) une montre connectée au poignet du client ou en « traquant » son style de conduite que l’on va vraiment créer de la relation-Client. En revanche, en connaissant bien le métier, le digital peut être un formidable levier pour rendre un réel service au client et entretenir une relation régulière.

 

 

  • Et non à ses seules attentes car le client méconnait l’Assurance tout comme ses besoins réels (notamment lorsqu’ils sont de nature juridique) et n’exprime réellement aucune attente fondée… si ce n’est payer moins cher