13/12/2016
Après le PAYD et le PHYD, le PHYL…*
L’usage des Big Data semblait constituer une avancée dans la recherche d’adéquation de la prime au risque. En effet, si certains critères de tarification paraissent peu contestables, tels que l’expérience de conduite, le taux de bonus/malus, la puissance et le prix du véhicule, d’autres sont nettement non explicatifs du risque. Ainsi, la zone de garage (ex. j’ai un véhicule qui ne fait que Boulogne-Chamonix – 620 km d’autoroute – et qui est tarifié en région parisienne). De même, la profession ne renseigne pas à elle seule quant à l’intensité de circulation et le type de conduite.
L’adjonction d’un paramètre lié aux trajets effectués et aux conditions de circulation (autoroute/route/ville/semaine/week-end / heures de pointe, etc.) est effectivement de nature à mieux cerner le risque. Ce n’est en fait qu’une version modernisée de l’assurance au km !
Quant au Pay How You Drive, on met là un pied dans le domaine de l’intrusif car basé sur le comportemental. La distinction Homme/Femme a été proscrite car au-delà de son aspect discriminatoire, les assureurs n’ont pas pu établir que, pris individuellement, un conducteur représentait un risque incontestablement supérieur à celui de son homologue féminin.
De la même façon, une conduite nerveuse est-elle irréfutablement synonyme de sinistralité aggravée ? On peut au contraire penser que les conduites un peu trop « assoupies » manquent de réflexes et sont génératrices d’accrochages.
Mais la dernière trouvaille – celle d’Admiral en Grande Bretagne – est le pompon : tarifer à partir des posts sur Facebook !
En fonction des textes, photos, likes, voire de la ponctuation (les points d’exclamation !), la compagnie s’apprêtait à moduler la prime…
Les marketers et commerciaux de l’assurance se sont longtemps plaints des actuaires ; on a trouvé pire : les data-scientists.
Heureusement, Facebook a bloqué cette initiative. Pour combien de temps ?
L’utilisation débridée des big data pose réellement un problème de Société. Il est certainement temps que les acteurs de l’assurance établissent une/des charte(s) de bonnes pratiques respectant l’individu. Il serait d’ailleurs judicieux de traiter ce sujet dans la cadre d’un Comité d’Ethique faisant participer les clients ou sociétaires au sein de chaque opérateur d’assurance.
A qui la première initiative ?
*Pay As You Drive, Pay How You Drive, Pay How You Like
10:40 Publié dans BIG DATA, Marketing, Sources de perte de confiance, Technique-Actuariat | Lien permanent | Commentaires (0)
28/11/2016
La Relation-Client, arme fatale des opérateurs téléphoniques pour concurrencer les établissements financiers ?
Entendu récemment sur BFM, un « expert » interviewé expliquait à propos de la création d’ORANGE BANK (par rachat de Groupama Banque) que cette nouvelle entité misait sur un facteur concurrentiel distinctif : la maîtrise de
la Relation-Clients par les opérateurs téléphoniques et FAI.
On se demande quelle est la pertinence d’une telle affirmation ?
Sauf à faire référence aux résultats des baromètres de ces organismes qui se complaisent dans l’autosatisfaction…
La vérité – à moins que je ne constitue la rare exception – est tout autre.
Mon expérience en la matière en qualité de client est désastreuse, et ceci quel que soit l’opérateur :
. cela a commencé avec Numéricable qui ne fonctionnait pas correctement (pixellisation de l’image TV notamment), sans pouvoir obtenir de solution ; et je passe les heures perdue à faire la queue au magasin, appareil sous le bras !
. notre bon vieux Club-Internet étant devenu Neuf puis SFR, les choses ont commencé à se gâter. D’abord avec l’installation – payante – avec des prise CPR qui ont fonctionné jusqu’au départ du technicien… Autant dire que j’ai tout réinstallé ensuite… mais avec des câbles. Plus tard, la télécommande du décodeur TV étant HS, je joins un call-center manifestement offshore (le conseiller parlant un français approximatif) qui m’envoie en chercher une neuve un dimanche à Rueil. Etonnement quant à l’ouverture un jour férié, mais confirmation du centre d’appel. Résultat : porte close.
Et je passe la routine systématique en cas de problème : « débranchez tout et rebranchez, changer de prise,… », la communication automatiquement coupée après 20’ et l’obligation de tout réexpliquer quand on rappelle…
En revanche, pléthore d’appels commerciaux quand bien même on a signalé ne pas être intéressé.
. Finalement, je rejoins Orange avec une formule quadruple –play, refais l’installation moi-même Tél-TV-Internet. Quelque temps après, problèmes de réception Internet et TV ; même routine : obligé d’appeler plusieurs fois, d’attendre inlassablement en écoutant le disque d’accueil (et la pub) qui notamment recommande de se connecter pour résoudre notre problème grâce aux forums et FAQ : judicieux quand on appelle parce que justement cela ne fonctionne pas !
Seule solution trouvée par le téléconseiller : changer de prise électrique !
Récemment la TV d’Orange a changé de configuration d’écran concernant les infos sur le programme en cours : alors que l’on pouvait rapidement accéder aux infos sur un film (date, titre, réalisateur, acteurs, résumé), il ne reste plus que le résumé. Appelé sur ce point, le centre de Relation-Client a été incapable de m’expliquer pourquoi.
En revanche pour continuer d’appeler sans cesse pour vendre la fibre, le centre d’appel fonctionne à plein.
Client portable chez Orange, j’ai voulu il y a peu de temps revoir mon abonnement devenu très cher (74 €/mois) : la boutique de Boulogne n’a trouvé que quelques € à économiser ; alors que ma collègue du LAB a changé mon abonnement en ligne en divisant le prix par 3 (avec un meilleur forfait).
Souhaitant changer mon I-Phone, je me suis rendu en boutique Orange pour bénéficier d’un tarif en fonction des points acquis : fini, terminé. Si je veux une réduction, je dois prendre la fibre…
Néanmoins, malgré mon refus répété, le centre d’appel continue de me harceler pour installer la fibre (que je refuse eu égard au câblage installé sous le tissus tendu des murs).
Alors, la Relation-Client, arme fatale des opérateurs téléphoniques ?
Même pas peur !
15:44 Publié dans Service Client, Sources de perte de confiance | Lien permanent | Commentaires (0)
12/09/2016
Un monde d’algorithme ou voyage au bout de l’enfer.
Il y a quelques décennies, les tarificateurs « papier » se voyaient supplantés par la mise en place d’algorithmes. Les vrais assureurs pouvaient d’ailleurs déplorer que plus personne ne savait faire une tarification quand l’ordinateur était en carafe ; mais ceci est un autre débat…
Aujourd’hui, c’est dans tous les domaines de la vie que des algorithmes décident ou, à minima, indiquent la décision à prendre. On peut donc imaginer, dans un futur proche, un monde piloté par eux. Ainsi, le nouveau-né ne viendra pas sur terre à une date aléatoire mais à un moment précis qui arrangera les parents et encore plus la maternité. Donc, finis les accouchements dans les transports ou le 14 juillet !
Les études du petit seront programmées non plus en fonction des goûts et aspirations des parents et/ou de l’individu, mais en prenant en compte ses capacités intellectuelles, ses prédispositions, sa situation sociale et la capacité financière des parents, mais surtout, en rapport avec les vrais débouchés d’emploi une fois les études terminées. Frustrant, certainement, mais d’un autre côté, ce sera la fin des filières ne débouchant sur aucun job ou presque.
Son mariage sera lui aussi le fruit d’algorithmes astucieux qui lui auront permis de rencontrer l’âme sœur. On perçoit dès aujourd’hui cette tendance au travers des communications des sites de rencontres : célibataires exigeants, celle ou celui qui vous ressemble, etc. Cette démarche beaucoup plus scientifique que d’aller draguer en boîte permettra t-elle d’inverser la courbe des divorces (tiens, cela pourrait être un argument de campagne électorale J ).
La rémunération du travailleur ne sera plus le fruit d’une négociation syndicale, d’une âpre négociation, de critères fumeux,… mais une sorte de revenu universel dont le niveau résultera du croisement de données objectives telles que besoins du foyer, type d’emploi, niveau socio-culturel,… Terminés les jobs sous-payés et ceux honteusement élevés.
Bien sûr, la voiture se conduira toute seule et les accidents auront disparus ; enfin presque car de temps en temps, l’algorithme déraille et provoque quelques catastrophes.
Pour garder la santé, des serious-games nous indiqueront les bonnes pratiques en matière de prévention et les big data issues notamment des réseaux sociaux renseigneront l’assureur sur le risque précis, ce qui lui permettra de prendre les mesures conservatoires L .
Enfin, en cas de traitement lourd et coûteux, l’algorithme fixera la décision optimale (du traitement curatif aux soins palliatifs) à partir d’éléments rationnels (finie la Santé qui n’a pas de prix !). Ainsi pourront être pris en compte l’apport du patient à la Société : travail, consommation, impôts, espérance de vie, famille à charge, etc. vs pension de retraite, RSA, faible durée d’espérance de vie, etc.
Ça fait peur ?
Alors évitons de nous laisser phagocyter par les algorithmes !
Comment ?
Commençons par ne pas livrer nos données inconsidérément !
14:49 Publié dans BIG DATA, Marketing, Société, Sources de perte de confiance, Technique-Actuariat | Lien permanent | Commentaires (0)