19/10/2018

Après le PAYD et le PHYD, voici le PWYD*…

TdB MG.jpgLancée il y a peu par Altima (Maif), la nouvelle offre destinée aux petits rouleurs est une nouvelle fois un système basé sur l’utilisation du smartphone. Après les expériences de tarification comportementale (boitier ou appli analysant le style de conduite), on en vient à la tarification à la minute (donc plus je vais vite, moins je paie ???). Pour cela il convient de déclencher la garantie via une appli au commencement du trajet (un boitier est caché dans la boîte à gants).
Une offre proche de celle qu’a lancée Wilov dont nous avons écrit sur ce blog ce qu’on en pensait…
Comme elle, elle présente l’utilisation d’une technologie NTIC comme l’innovation ultime améliorant la vie du client !
Quelle en sera la réalité ? Eh bien voici quelques réflexions à ce propos :
. Sous une apparente simplicité, l’assuré est contraint de déclencher l’assurance à chaque démarrage !
. Comment va-t-il pouvoir se garantir le jour où son smartphone est déchargé, en panne, perdu… ?
On nous dit chez Altima qu’il est alors possible de se connecter au site de la compagnie pour enregistrer son itinéraire. Et si, en cours de route, on change d’itinéraire, on le rallonge pour une visite inopinée ou on change carrément de destination ?
. Comment va-t-on gérer l’utilisation du véhicule par une autre personne ? Soit on lui donne le smartphone avec, soit il n’est pas couvert ?
. Reste le problème de connexion : pour déclencher la garantie, faut-il que la connexion s’établisse ? Dans ce cas, aucun risque que je sorte couvert de mon parking au 3e sous-sol !

Comme on disait jadis de certains projets marketing : « ça ne paraît pas bien ficelé ! »
D’autant que l’assurance au kilomètre existe un peu partout depuis sa création par Rhin & Moselle dans les 80’. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Le rôle de l’Assurance est de mettre les assurés à l’abri et de leur permettre de dormir sur leurs deux oreilles une fois le contrat signé … et payé.
Alors SVP chers innovateurs et fintechs, réfléchissez plutôt à des solutions NTIC qui facilitent vraiment la vie du client.

* Pay When You Drive

26/02/2018

EPARGNE : PRENDRA T-ON UN JOUR EN COMPTE LES SOUHAITS DES CLIENTS ?

Une récente enquête réalisée pour Amundi et Natixis montre l’aversion des français pour la rente.
En effet, 77% des personnes interrogées préfèrent disposer d’un capital au moment de la retraite plutôt qu’une rente.
Depuis longtemps déjà les marketers avisés du secteur financier attirent l’attention des juristes, techniciens et autres actuaires sur le décalage entre ce que souhaitent vendre les assureurs (et ce que veulent leur faire vendre les autorités) et les attentes de la clientèle en matière de placement, notamment en vue de la retraite.
D’un côté, des clients apeurés ou échaudés par les placements boursiers, d’autant que la plupart sont d’un âge déjà avancé qui ne permet plus guère d’avoir le temps de jouer sur les marchés financiers. L’épargne durement acquise pour beaucoup d’entre eux mériteimage d'oeufs.jpg  d’être protégée, ce qui devrait être la mission première des assureurs. Ces mêmes épargnants sentent qu’ils peuvent à un moment de leur vie avoir besoin de récupérer du capital (par exemple pour le cas de dépendance) et voudraient léguer ce qui leur reste à leurs enfants.

De l’autre, des institutionnels qui leur proposent :
. d’aliéner leur capital pour leur verser une rente ridicule (325€ par mois pour une épargne de 100.000€ ! Oui, je dis bien ridicule, même si tous les actuaires me démontreront que c’est le tarif ; mais c’est la perception du consommateur qui compte. D’ailleurs, on obtient le même revenu avec des SCPI sans aliéner le capital !),
. de souscrire des assurances vie en UC en prenant à son compte tous les risques liés aux marchés financiers.

Un grand écart entre les attentes des consommateurs et l’offre.
Bien sûr, les français continuent d’épargner et l’assurance vie tient une place prépondérante ; mais le Livret A aussi !
Inquiets de l’avenir, ils épargnent avec les produits disponibles. De là à dire que ce sont les placements préférés, c’est un peu comme dire que les soviétiques adoraient en priorité les patates et le chou…
Il serait grand temps qu’un disrupteur vienne mettre les pieds dans ce gâteau…

22/03/2017

NE M’APPELEZ PLUS ASSURANCE VIE

Le concept même de l’Assurance est de « prendre en charge, moyennant rémunération - la cotisation -  un ensemble de risques homogènes de façon à les répartir selon les lois de la statistique ».
En assurance Vie, le risque est double :

  • Celui du placement financier : l’assureur garantit le capital versé par le souscripteur, augmenté des intérêts acquis.
  • Celui de paiement anticipé ou de dispense de paiement des cotisations en cas d’événement prévu au contrat (contre-assurance).

La dénomination « Assurance » est donc légitime, même si dans la majorité des cas, cette forme de contrat ne représente pour le client qu’une des multiples formes d’épargne.

En revanche, dès l’instant où l’assurance transfère le risque principal, c’est-à-dire celui de variation du capital à l’assuré, il ne reste plus guère d’assurance…

Il est donc fallacieux de dénommer « Assurance » un contrat d’assurance Vie en Unités de Compte puisque le capital n’est pas garanti et que l’assuré peut tout perdre en cas de crash boursier ou simplement si les choix d’investissements sont mauvais.

D’ailleurs, malgré les efforts des compagnies pour  promouvoir les UC (limitation des souscriptions en Euros, taux de rendement net à 0 en prenant en compte l’inflation, pression sur les forces de ventes,…) le résultat n’est pas au rendez-vous : -0,6% en 2016 et toujours 81% de souscriptions en € !

 En même temps, le risque ajouté par la loi Sapin 2, c'est-à-dire le blocage possible de l’épargne, était de nature à  décourager les épargnants.
Sans remettre en cause la nécessité de réformer l’assurance vie, il serait opportun de s’interroger sur le vocable même.
Aussi, dans un esprit de clarté et de transparence, ces contrats en UC ne devraient plus être considérés dans la catégorie « Assurance » mais « placements financiers » au même titre que n’importe quel OPCVM.
Alors, pour éviter les promesses fallacieuses, rebaptisons ces contrats en UC.