03/07/2017
Complémentaire Santé : pourquoi rester dans l’océan rouge ?
Les acteurs de l’Assurance Santé Complémentaire se débattent dans un océan rouge1 ; ceci par l’action combinée de plusieurs facteurs :
1. L’Etat : à la fois par une règlementation changeant de façon incessante, modifiant les conditions de marché (cf. ANI), fixant les garanties , limitant les possibilités de prise en charge des frais de soins, encadrant l’analyse et la prise en charge des risques, bloquant la disponibilité des données de santé et –las but not least – en estimant (quelle que soit l’appartenance politique ) que la santé des concitoyens relève du domaine régalien et non d’opérateurs indépendants, fussent-ils mutualistes.
- La standardisation : en déclinaison directe de la mainmise de l’Etat, la standardisation des garanties et la faible différenciation des intervenants (on pourrait aussi évoquer leur instinct grégaire).
- La multiplicité des offreurs : compagnies d’assurances, bancassureurs, IP, mutuelles 45, grossistes/courtiers et même le on-line.
- La concurrence exacerbée sur les prix poussée jusqu’à la vente à perte.
Un tel marché mérite t-il de s’y investir ?
D’autant que les exigences techniques, de gestion, de commercialisation sont élevées.
D’aucuns agitent à l’horizon le spectre des nouveaux entrants et de l’ubérisation ; notamment issus de la nouvelle économie dont on connaît les moyens financiers pharaoniques et la capacité de gérer la relation-client.
Existerait-il un océan bleu ? Un marché nouveau sur lequel l’offre serait unique ou presque car sortant de l’encadrement mortifère du marché tel que nous le connaissons actuellement ?
Un groupe d’étudiants de l’ENASS, sous la direction du LAB, à mis en évidence des opportunités d’un nouveau type s’appuyant sur des services tangibles et sur la prévention 2.
Il existe manifestement des segments de clientèle sensibilisés au maintien de leur santé et enclins à investir dans ce domaine, quitte à s’acquitter d’un niveau de taxe supérieur à celui du contrat dit responsable…
Les assureurs pourraient être légitimes à proposer ce type de prestations ; mais pas qu’eux…
le blocage est sans doute en grande partie interne car l’innovation de rupture nécessaire est contrecarrée par les freins (rédhibitoires ?) avancés par les professionnels :
- La prévention est du domaine de l’Etat (l’assureur peut collaborer mais pas être moteur)
- La prévention ne profite pas à l’assureur qui les met en place
- ROI de la prévention difficile à évaluer
- Les clients sont réfractaires à payer pour des services et la prévention
- Cela a toujours été gratuit, il est difficile de passer du gratuit au payant (ce qui est gratuit n’a pas de valeur)
- La concurrence est trop forte sur les prix
- Les commerciaux ne sont pas disposés à « vendre » ces prestations
- …
Reste que d’autres acteurs plus agiles, sans apriori et adeptes du Test & Learn peuvent s’emparer du sujet et transforme la Complémentaire Santé en une brique au sein d’un package de services et la soumettent à appels d’offres réguliers.
On a vu ce que cela donne dans l’assurance des mobiles…
Christian PARMENTIER
Fondateur du LAB
1 La Stratégie Océan Bleu par W. Chan Kim et Renée Mauborgne
2 Etude présentée lors de la Matinale du CercleLab le 14 juin 2017
17:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
23/06/2017
Le trajet le plus sur.fr : tout simplement ridicule !
Groupama a lancé il y a peu un site destiné à aider les automobilistes à préparer leurs voyages en toute sécurité.
Louable intention qui peu donner une image positive de l’institution et créer de la relation-client.
Sauf qu’en testant l’outil, on découvre son ineptie.
Jugez plutôt : pour quelques trajets-test, le trajet le plus sur.fr donne les résultats suivants :
- Paris - St Malo : le + rapide 4h07 / le plus sur 6h38
-Paris – Molliets : le plus rapide 6h53 / le plus sur 11h17
-Tours – Antibes : le + rapide 8h30 / le plus sur 12h44
Reste Lyon – Lille : 6h05 contre 6h18 : mais là, difficile d’échapper au tout-autoroute…
Qui va donc suivre ce conseil qui accroît de 50% ou plus son temps de trajet ?
Peut-être les nostalgiques de la diligence ou alors, et l'histoire ne le dit pas, on s'arrête un moment avec cerise :-) ?
14:05 Publié dans Communication, Marketing, Service Client | Lien permanent | Commentaires (0)
20/06/2017
Wilov, yes we love, but will they buy it ?
La start-up Wilov vient de lancer – en partenariat avec Suravenir – une assurance auto « Pay when You Drive ».
Le principe est séduisant : une garantie de base RC toute l’année couplée à une garantie Dommage uniquement les jours où le véhicule est en circulation ; ceci grâce à une appli sur smartphone.
Les esprits critiques pourraient dire « tiens, on redécouvre l’assurance temporaire ! ».
Les optimistes y verront un moyen de maîtriser le budget assurance : « lorsque je n’utilise pas, je ne paie pas » et la technologie actuelle permet enfin de souscrire une assurance temporaire en quelques clics.
Mais les rationnels feront remarquer que l’assurance tempo n’a jamais été moins chère que l’assurance annuelle puisque le risque est parfaitement identifié avec une garantie limitée aux périodes de mise en vigueur. La cotisation tient donc compte de l’utilisation.
Au demeurant, avec un tarif de 15 €/mois minimum en RC et 1 € minimum par jour pour le Dommage, on peut penser que la prime globale sera peu différenciée d’une prime annuelle classique avec kilométrage limité !
L'avantage réside t-il uniquement dans la modernité (garantie actionnée par le smartphone) ?
Reste que la présentation reste très générique (trop) pour rassurer et peut faire redouter :
- de ne pas être assuré (ou de ne pouvoir utiliser son véhicule) si l’on oublie ou égare son smartphone ou encore s’il est déchargé…
- de ne pouvoir prêter son véhicule car il faut en même temps prêter son smartphone !
- une prise de garantie différée en cas d’absence de signal (ex. au 3e sous-sol de mon parking)
-etc.
Il serait sans doute utile au courtier (car c'est bien le statut de Wilov) de répondre par avance aux interrogations et doutes des prospects car on sait bien en termes de Marketing que la moindre zone d'ombre bloque l'acte d'achat...
18:27 | Lien permanent | Commentaires (6)