07/11/2016

Quelle sera la physionomie du marché de l’assurance Santé-Prévoyance à horizon de 10 ans ?

Vaste interrogation à laquelle le Cabinet WEAVE a tenté d’apporter des réponses en interrogeant une vingtaine de dirigeants du secteur*, tous types d’acteurs confondus.
C’est en effet le plus souvent par l’action - ou l’inaction-  des acteurs que les marchés se transforment. Dès lors, leurs opinions et actes – quand même leur vision stratégique serait erronée – sont des facteurs déterminants dans la réorganisation d’un marché.
La restitution effectuée lors de la Matinale du LAB le 4 octobre 2016 a mis l’accent sur les craintes et les voies d’évolution vues par les acteurs en place.
Ainsi, en ce qui concerne les craintes, on relève :
- le risque de démutualisation. Cela peut paraître paradoxal sur un marché hyper-règlementé et d’une sensibilité extrême vis-à-vis de toute sélection !
- la désintermédiation, notamment par l’arrivée de nouveaux intervenants type GAFA qui, maîtrisant la distribution et la relation-client, fixeraient les règles du jeu et, surtout, capteraient les marges, reléguant l’assureur à un simple gestionnaire de risques.
- la complexification des conditions d’exercice du métier. Cependant, il s’agit en même temps de barrières fortes à l’entrée de nouveaux entrants, d’autant que les marges restent peu attractives en comparaison de leur core-business !
Alors, face à ces menaces, quel sera le profil de l’assureur de demain ?
Les dirigeant interrogés semblent s’accorder sur les points à développer pour conserver les positions acquises ; ainsi :
- l’utilisation des data (big et smart)
- le développement de services
- la relation-client
- l’externalisation de la gestion des prestations

La mise en avant de ces points laisse perplexe, car :
. Pour utiliser massivement et intelligemment les data (approche client, tarification, relation-client, indemnisation,…) encore faudrait-il que les systèmes informatiques soient en état de répondre présents !
La gestion des données n’est pas un point fort de l’assurance (la faute notamment aux nombreuses et perpétuelles fusions, à la règlementation en constante modification). Ajoutons que du côté du consommateur, l’échange de données avec les assureurs n’est pas un acquit : l’étude menée par Harris Interactive et présentée au LAB le 29 septembre dernier montrait 66 % des interviewés sont hostiles à l’idée de fournir des données personnelles à l’assureur !
. Le développement de services : il y a déjà longtemps que les assureurs tentent d’intégrer de multiples services dans leurs offres, avec peu de succès. Les raisons en sont multiples :
              - manque de savoir-faire et de savoir-gérer
              - nécessité de sous-traiter
              - légitimité faible
              - ROI jamais démontré
. La Relation-Client : il s’agit là d’un point faible notoire de l’assurance en général car entre la souscription et la fin du contrat, rien ne se passe réellement, surtout en Santé où la dématérialisation a supprimé tout contact avec le client lors des remboursements. Les outils – très coûteux – de GRC mis en place à partir des années 90 n’ont pas tenu leurs promesses. Les beaux projets de création d’une relation durable, fréquente et positive avec l’assuré sont restés dans les placards.
. L’externalisation de la gestion (ou en partie) : il s’agit là d’un point fort des assureurs qui après des décennies de gestion calamiteuse ont réussi à industrialiser cette partie de leur métier. Se délester de cet avantage est une erreur lourde lorsque l’on maîtrise difficilement les externalisations.
Décidément, très forts les dirigeants du secteur : se séparer des avantages concurrentiels pour aller sur des domaines non maîtrisés donc à risque, même les matrices du BCG n’avaient pas osé…
Reste toutefois un point qu’ils n’ont pas évoqué et qui pourtant peut bien décrire l’avenir : l’ « Arrcoïsation » de la Santé, donc la disparition de ce risque pour les assureurs car on sait bien que les politiques, quel que soit leur bord, estiment que la Santé est du domaine régalien et que les assureurs n’ont rien à faire dans ce domaine. C’était d’ailleurs un avertissement donné par Jean-Claude SEYS, Président de l’Institut Diderot, lors de son allocution en juin dernier aux 10 ans du LAB…

 

  • Synthèse de la présentation de l’étude sur le Blog du LAB 

10:27 Publié dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (0)

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