14/10/2021

AVIVA N’EST PLUS, L’ABEILLE RENAIT

abeille.jpgC’est donc bouclé, AEMA (Macif-Aesio) a racheté AVIVA.
Quelle déconfiture pour cette compagnie qui autrefois était l’une des plus – sinon la plus – solides de l’hexagone !
Pour rappel, Aviva, à l’origine, c’est l’ABEILLE IGARD (comprenez Incendie-Grêle-Accidents-Risques Divers). La Grêle est en 2e position car c’était le 1er acteur sur le marché agricole après les mutualistes dédiés bien sûr. Dans les années 80, le groupe s’est intitulé Abeille-Paix suite au rapprochement avec la compagnie La Paix. Finalement seul le nom Abeille est resté, La Paix devenant la filiale PJ.
Les caractéristiques de cet assureur figurant dans les 1ers privés (les plus importantes compagnies étaient des nationalisées) se trouvaient dans le sérieux, la rigueur tarifaire, l’excellence de son réseau d’agents qui exerçait d’ailleurs une puissance interne non dissimulée. Il est vrai en revanche que côté innovation, c’était plutôt le calme plat. Malgré tout l’innovation et la dynamique commerciale est présente au travers de l’AFER qui cartonne en assurance Vie ou de la direction Santé qui avait créé AMIS, filiale dédiée au courtage.
Dans les années 90, sans doute lié à l’évolution de l’actionnariat, la compagnie devient l’élément clé du Groupe Victoire (du nom de la rue du siège ; quelle créativité dans la recherche de nom ! On se croirait dans une IP). C’est à ce moment que le groupe décide de racheter à la famille Oppenheim la 2e compagnie d’Outre-Rhin : COLONIA.
Aventure de courte durée puisque cette dernière se retrouve vite dans le giron de l’UAP.
Puis les anglais rachète l’Abeille, lui rattache Norwich Union France (qui était un fleuron de la VPC et qui, à partir de là ne cessera de dégringoler), et adopte le nouveau nom du groupe britannique AVIVA.
Au début, on croit que c’est une marque de lait, mais non !
Les dirigeants se succèdent et finalement, c’est celle dont les dirigeants de l’Abeille (comme ceux des autres compagnies) annonçaient la mort prochaine lors de son lancement, qui rafle la mise : la MACIF.
Quelle leçon ! Quelle misère pour ceux qui ont connu les belles heures des Abeilles comme disaient un jour les hôtes canadiens ! Quelle tristesse pour les agents, si compétents !

Mais dernier rebondissement, le nouveau groupe décide de reprendre le nom ABEILLE. Une bonne nouvelle pour les nostalgiques et un peut-être un espoir de voir renaître les UAP, AGF, AZUR, Préservatrice ?
L’avenir nous dira comment évoluera ce nouvel assemblage… Mais ceux qui ont vécu le rachat du GAN par un mutualiste (Groupama) ont tout lieu d’être inquiets…

02/10/2021

L’ASSURANCE PEUT-ELLE ETRE FULL DIGITAL ?

istockphoto-1163061736-612x612.jpg  L’accord est quasiment unanime sur le fait que la pandémie va accroître la digitalisation.
Cette tendance, déjà observée depuis plusieurs années, va donc s’accélérer fortement du fait des confinements successifs. Cependant, des différences existent selon les secteurs d’activité. Il y a, bien sur, les activités ne pouvant par nature être dématérialisées : artisans, HCR,… Et puis, il y a celles qui le sont déjà largement comme la Banque.
Quant à l’Assurance, si certains processus sont de plus en plus digitalisés, la souscription full Web reste encore marginale. En fait, elle concerne aujourd’hui essentiellement des produits banalisés et des produits accessoires correspondant à des besoins secondaires (smartphone, trottinettes, etc.).
Pour avoir testé - et même souscrit – moi-même en ligne des contrats majeurs (Auto, MRH, Prévoyance), j’ai pu constater que ce mode de distribution présentait des risques certains pour le client :
- moins il y a de questions posées, moins le risque est cerné
- les conditions générales restent équivalentes à celles des contrats vendus traditionnellement (volume, texte juridique, exclusions, obligations,…)
- les CG sont adressées sous forme numérisée ce qui rend leur consultation difficile (60 pages en PdF…)
- des clauses-types et des déclarations sont intégrées dans les documents signés sans attirer l’attention sur leur importance
- la rédaction des questionnaires rend souvent les réponses difficiles, voire impossible. Afin de poursuivre la souscription le client est contraint d’opter pour une réponse proposée ; ce qui peut constituer une fausse déclaration à terme.
Quant aux Chatbots, ils comprennent rarement ce que l’on exprime et renvoient vers un service client qui ne répond pas au téléphone.
Ce ne sont là que quelques exemples constatés.

Si la possibilité de souscription en ligne est un plus incontestable, elle doit néanmoins faire en sorte  que le client soit réellement protégé. Et ce n’est pas avec les contrats que l’on trouve généralement en ligne qu’il l’est. Le fantasme de souscrire en 3 clics un contrat d’une certaine importance (ex. assurer sa résidence secondaire ou sa famille) pourrait devenir réalité pourvu que :
- les contrats soient expurgés des pièges que l’assuré découvre au jours du sinistre
- les événements assurés soient non seulement clairement exposés mais très larges pour éviter les trous de garantie ; de même la façon d’indemniser
-plutôt que faire signer des déclarations pré-imprimées, faire exposer l’usage/la situation par le client : l’I.A. est l’outil qui le permet.
- transformer les innombrables pages de garanties et restrictions en formule TOUT SAUF.
C’est à ces conditions que la souscription digitale pourra vraiment protéger le client.