03/08/2021

Et si on mettait un peu d’assurance dans le Covid ?

photo covid.jpgC’est après la seconde guerre mondiale que l’Etat français a décidé que la santé de ses compatriotes était du domaine régalien. Depuis, malgré le titre usurpé de « l’assurance maladie », il n’a cessé de réglementer ce domaine en l’approchant plus d’un modèle soviétique que d’un système assurantiel.
Une partie de la population (principalement celle active) et les employeurs paient des cotisations par ailleurs insuffisantes pour financer le système. C’est donc le contribuable qui paie la différence pour que soient couverts tout un chacun, quels que soient sa condition et son risque.
Il serait amoral de différencier la couverture et/ou la cotisation en fonction de l’état de santé. Pis, un assureur serait en droit de résilier pour sinistralité.
Cependant, si l’indifférenciation est tout à fait louable en ce qui concerne les affections aléatoires, et même les maladies d’origine génétique, est-ce si juste de traiter de la même façon les citoyens qui se soucient de leur santé et ceux qui n’en ont cure ? Les assureurs ont à juste titre séparé les fumeurs des non-fumeurs ; ce qui permet notamment aux emprunteurs abstinents de bénéficier d’un meilleur tarif.
L’exemple peut être appliqué à bien d’autres situations : alcool, comportements dangereux, suivi médical et dentaire, etc.
Mais pire que tout aujourd’hui, une partie marginale de la population se dresse contre les mesures sanitaires susceptibles (la garantie n’est pas à 100%) d’enrayer la pandémie qui a quand même causé à ce jour plus de 4 millions de décès dans le monde (111.000 rien qu’en France).
Alors pourquoi ne pas introduire une petite part d’Assurance pour ces réfractaires qui, en dehors de propager la maladie, sont ceux qui couteront cher à la SS dans les mois à venir ?
Majoration de cotisation, franchise, reste à charge (autre que le 1€ symbolique) …
La technique assurantielle détient quelques solutions pour, comme on dit dans la profession, moraliser le risque.

12:11 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

04/02/2021

XXIe siècle : l’Assurance doit changer de paradigme

image paradigme.jpgDepuis le 15e siècle à Gênes, le contrat d’assurance – appelé alors Prêt à la Grosse – matérialise l’engagement des parties. C’est un acte juridique écrit. Les premières formulations se sont enrichies au fil du temps pour devenir aujourd’hui des polices de plus ou moins 70 pages. Mais certains se souviendront que dans les années 50 et 60, le contrat d’assurance tenait en quelques pages ; témoin ce contrat MRH du Phénix retrouvé dans les archives de mes parents, datant de 1965, contenant 4 pages…
Au fur et à mesure de la découverte d’événements non prévus et répondant aux attentes des clients et, surtout, dès les débuts du Marketing dans l’assurance (1975), les garanties se sont étoffées de « plus-produits » d’abord en option puis intégrés. Ce fut notamment le cas des garanties complémentaires auto dans les années 70, dont l’annexe devenait presque aussi volumineuse que le contrat principal.
Pour être tout à fait honnête, il faut aussi reconnaître que l’expérience des sinistres a parallèlement poussé à restreindre le champ de certaines garanties soit au niveau de leur définition, soit par l’introduction d’exclusions. Dans ces années d’ouverture de l’assurance à la notion de client et donc de l’approche marketing, des tentatives furent faites pour clarifier les contrats. C’est ainsi qu’en 1977 je créais à l’UAP le premier contrat en langage clair. Une MRH de huit pages en corps 12, sans texte de loi concoctée avec des focus-groups de clients (on parle aujourd’hui de Design-Thinking, mais l’idée n’est pas récente)… D’autres, comme VIA Assurances (Le Nord + Le Monde devenus ensuite Allianz) ont même édité des conditions générales illustrées. Un peu plus tard, avec l’idée d’éviter de distribuer des dizaines de milliers de CG, des compagnies ont diffusé des documents synthétiques, tel le tryptique de PFA reprenant l’essentiel des CG. C’est un peu l’IPID d’aujourd’hui en plus esthétique !
Durant ces années-là, l’assuré se contentait de ce type d’information, notamment parce qu’il avait accès à un conseiller qu’il connaissait souvent personnellement et dont la mission était de lui expliquer, de le conseiller, d’apaiser les conflits, « d’éteindre le feu », quitte à rejeter la faute sur la compagnie, …

Pour prendre en compte l’évolution des attentes, les assureurs ont peaufiné leurs couvertures, généralisé l’assistance qui permet d’intervenir sur place lors d’un sinistre, d’aider à surmonter un événement y compris sur le plan psychologique.
Le souhait ultime de l’assuré qui voudrait que l’on efface totalement le sinistre pour revenir à la situation antérieure étant irréalisable, de nombreuses avancées ont été faites : assistance, valeur à neuf, pertes indirectes, pertes d’exploitation,…
Le monde a changé et les tendances déjà en cours se sont trouvées amplifiées avec la crise du coronavirus. Ainsi l’indemnisation au plus juste, ou comme disent les régleurs de sinistres « payer tout ce que l’on doit, mais rien que ce que l’on doit », ne marche plus. Au même titre que le citoyen attend de l’Etat, des organismes sociaux, etc. des aides « quoiqu’il en coûte », il attend de plus en plus de l’Assurance une prise en charge au-delà des écrits abscons. On l’a vu lors de cette crise, refuser une indemnisation alors que la garantie figure au contrat – même contestée – est devenu inadmissible. Tout comme est inadmissible l’envoi d’avenant de résiliation de ladite garantie.
L’image de la profession en est salie et les coûteuses campagnes de communications n’y changeront rien.
Prendre en charge plus largement et avec empathie les attentes des assurés représente un vrai changement de paradigme pour l’Assurance car il n’est plus possible de n’appuyer sa technique que sur le passé, il faut anticiper les crises, pandémies, nouveaux risques,...
Il faut aussi remettre à plat le modèle de financement des risques.
Et, bien sûr, reconsidérer le rapport au client, autrement que par des incantations façon « Customer Centric ».
Le citoyen attend de l’Assurance un rôle social, est prêt à accorder sa confiance pour autant qu’elle soit méritée.
C’est aussi le moyen d’éviter les interventions trop fréquentes de l’Etat dans ce domaine et de contrecarrer les ambitions de nouveaux entrants type GAFA notamment.
C’est à ce prix que l’Assurance pourra continuer de grandir dans notre Société et à la faire grandir. Il n’y a aucun doute quant à l’avenir, l’Assurance restera présente, mais peut-être pas les assureurs du siècle précédent…

25/01/2021

Conditions générales, quand est-ce que ça a foiré ?

Certes, il est maintenant aujourd’hui obligatoire de remettre un document synthétique au client (IPID).
Certes les clients ne lisent toujours pas leur contrat. Ce n’est pourtant pas preuve de n’avoir pas fait des efforts. Durant plusieurs décennies au cours du siècle précédent, les initiatives n’ont pas manquées :
- En 1977, je réalisais à l’UAP le premier contrat en langage clair conçu avec un focus group d’assurés. On appelle ça aujourd’hui le Design Thinking… Hormis dans l’adresse à l’assuré où il était fait mention du Code des Assurances régissant les rapports, aucune référence juridique dans le texte ; qui lui-même tenait en 8 pages (hors couverture), langage direct (vous/nous), simplification des garanties,…
- Dans les années qui suivirent, les compagnies (les mutuelles conservaient leurs contrats illisibles) tentèrent d’améliorer la lisibilité des contrats : caractères plus gros, meilleure mise en page, style direct et même (chez Via-Assurances) des illustrations de belle qualité.
- on citera également les tableaux synthétiques des garanties relativement complets et présentés agréablement qui évitaient de se reporter aux CG.
Des échanges – parfois tendus – entre les services généraux, le Marketing et la Communication aboutirent en général à une normalisation des pages de couverture : couleur de branche, illustration ou photo, etc.

Alors aujourd’hui, quand on reçoit (par le biais de son réseau car mes 4 demandes à mon courtier sont restées vaines !) des CG MRH de Generali sans aucun effort esthétique et 62 pages à s’avaler, on se dit que le nouveau monde a vraiment perdu quelque chose en route !IMG_4691.jpgIMG_4688.jpgIMG_4687.jpg